15 collégiens de l’établissement « Les Mûriers » à Cannes La Bocca (06) ont pu randonner à travers le massif Corse pour atteindre le sommet du Monte Cinto.
Constitué de trois phases, le projet a connu son point culminant lors de la grande ascension du Monte Cinto en Corse. Du 4 au 10 juillet, ces jeunes, pourtant peu familiers avec la montagne, ont suivi un programme dense pour gravir ce mont, à 2706 mètres d’altitude :
- Lundi 4 : transfert et arrivée en Corse par le Ferry
- Mardi 5 : randonnée pour atteindre le camp de base du bivouac au refuge de Tighjettu (6 kms)
- Mercredi 6 et Jeudi 7 : 4 ateliers d’une demi-journée avec un intervenant spécifique pour chaque groupe d’élève selon les thématiques :
>> Guillaume Peretti, athlète corse ancien recordman du GR20 – sport en nature
>> Berger de Ballone – agropastoralisme
>> Gardien du refuge de Tighjettu – vie et tourisme en montagne
>> Animateur du Parc Naturel Régional de Corse – faune sauvage - Vendredi 8 : ascension du Monte Cinto (9 kms) et veillée de chants corse
- Samedi 9 : dernière randonnée autour de La Bocca di Foggialle (13 kms)
- Dimanche 10 : transfert et retour des collégiens
Une ascension qui a duré 13h30 pour les plus rapides, 16h45 pour les derniers mais qui surtout, aura été marquée par une aventure profondément humaine et un dépassement de soi remarquable par chacun des participants.
etit récit repris des encadrants du projet : “Ils sont 25 collégiens, un mix de Saint-Denis (93) et Cannes La Bocca (06) à s’élancer depuis le refuge de Tighjettu au petit matin du 8 juillet 2022. À 4h, les mines sont basses, le pas lent, les tripes serrées. Seule la lueur de la frontale éclaire ce sentier par lequel ils repasseront tous 13, 14 voire 16 heures plus tard. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est qu’ils le fouleront alors tous un peu plus Grands…
Le Monte Cinto, plus haut sommet de la Corse (2 706m) n’ouvre ses bras qu’aux courageux. Premier objectif de la journée pour ces alpinistes en herbe : atteindre la Bocca Crucetta à 2 452 mètres. Leur lente ascension est ralentie par le flot incessant des coureurs de La Restonica Trail, une course de montagne longue de 110 kilomètres. Chaque participant est encouragé par les minots impressionnés par tant de force physique. Il leur faut 3h30 de marche pour connaître leur première victoire, leur première vraie pause de la journée. Déjà, certain(e)s veulent abandonner. “C’est déjà bien”, crient-ils. Mais le guide Jean-Luc veille au grain. “Nous allons emmener tout le monde là haut”, dit-il calmement alors que le vent ne cesse de refroidir les corps de marcheurs en quête de sommet.
A peine arrivés, il faut repartir. C’est à eux désormais d’être acclamés. A l’image des coureurs du Tour de France, chacune, chacun, premier comme dernier, reçoit des salves d’encouragement. Avec un tel public, comment ne pas continuer ? Heureusement pour les moins confiants, le Monte Cinto est désormais à vue de nez. Il n’est plus possible de lui échapper. Il paraît si proche et si loin. “Plus on avance, plus il part”, s’énerve une demoiselle.
Jean-Luc, Louis et Loïc, les trois accompagnateurs montagne de ce projet, font progresser à travers les crêtes et les cols, à petits pas, cette cordée des quartiers populaires. Le soleil réchauffe enfin les corps mais les esprits doutent. À la Pointe des Éboulis (2 587m), deuxième objectif de la journée, c’en est trop : elles, ils, n’iront pas plus loin. Wallah ! Promis. Juré. On discute deux minutes, on motive trente secondes et hop, tout le monde repart. C’est aussi simple que ça. Certains cachent leurs larmes. Ils marchent. Ils râlent toujours. Ils souffrent encore. Cette fois-ci en silence. Parce qu’ils se souviennent pourquoi ils sont là.
Et puis, parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent plus renoncer. Pour eux d’abord mais aussi pour les autres, leurs familles qui comptent tant sur eux. Et puis, ils se souviennent des mots de Nadir Dendoune, (qui les accompagne aujourd’hui), vainqueur de l’Everest en 2008. “Montrez qui vous êtes à ceux qui vous répètent que vous êtes des incapables”. Vous êtes la fierté des quartiers populaires… Le sommet est tout près mais les derniers hectomètres sont pénibles. “On continue pour nos professeurs”, souffle une collégienne à bout de souffle. “Oui, ils nous ont tellement saoulé avec ça pendant un an”, rigole un élève. “On est tellement fiers de vous”, sanglote une enseignante en les voyant atteindre le plus haut sommet de la Corse. Avec autant d’amour, ils ne pouvaient pas échouer.”